Des Samouraïs au Kawaii - Exposition - Un grand soleil levant brille à Daoulas
L’abbaye de Daoulas, près de Brest, accueille jusqu’au 1er décembre 2024 l’exposition Des Samouraïs au kawaii. Laquelle est conçue comme un formidable chassé-croisé entre le Japon et l’Occident du XVIe siècle à nos jours, qui touche toutes les générations.
Edith Joseph a prévenu d’entrée le parterre de journalistes conviés à une visite en avant-première. « Nous allons faire ensemble un voyage qui dure cinq siècles, jalonné d’ouvertures et de fermetures entre le Japon et l’Occident », résume la commissaire de l’exposition Des Samouraïs au kawaii que l’abbaye de Daoulas accueille jusqu’à la fin d’année 2024. Conçue par le Musée dauphinois à Grenoble, sa version bretonne s’adapte au contexte local avec notamment des témoignages de Finistériens liés à la culture nippone.
DU JAPON FÉODAL...
Dotée d’une remarquable scénographie et d’une collection de 300 objets dont 45 provenant du Musée des Confluences à Lyon, l’exposition parvient à séduire autant les férus d’histoire et de culture nippone que les inconditionnels de la game boy et des mangas. On reste impressionné devant l’imposante armure de samouraï du Japon féodal et émerveillé en découvrant les premières consoles de jeux vidéo. De quoi garantir de plaire à toutes les générations. À partir de 1543, les premiers contacts entre les Japonais et les Portugais vont déboucher sur des échanges commerciaux et des transferts de savoir-faire pendant près d’un siècle. Les artisans japonais confectionnent des objets en bois laqué incrustés de nacre à la demande des Occidentaux dont certains sont exposés à Daoulas. De leur côté, les Portugais apprennent entre autres à leur hôte à fabriquer des fusils dans un pays où les samouraïs constituent une élite guerrière capable de manier l’arc et le sabre.
En 1641, le Shõgun qui dirige le Japon décide de fermer l’archipel pour contrer cet expansionnisme occidental et l’évangélisation dans les campagnes. Seuls quelques contacts perdurent avec le comptoir hollandais de Deshima. Durant ces deux siècles et demi de fermeture, le pays du Soleil Levant connaît une période de prospérité qui voit une classe de marchands s’enrichir à Tokyo et un nouvel artisanat de l’art se développer, à l’instar de magnifiques ustensiles de beauté, accessoires de décoration et instruments de musique présentés à Daoulas. « C’était un moyen de sortir du carcan d’une société très hiérarchisée », explique Édith Joseph. En 1853, l’ouverture forcée du Japon par les États-Unis va lancer une nouvelle ère de transferts technologiques, mais aussi culturels. Les Occidentaux s’entichent des estampes et dessins d’Hokusai. À la fin du XIXe siècle, des vases provenant du Japon ou des lithographies influencées par les estampes nippones se diffusent un peu partout en Europe. « En 1872, le collectionneur français Philippe Burty invente le mot « japonisme » », rappelle Édith Joseph. Au début du XXe siècle, les arts décoratifs et les nouveaux mouvements artistiques en France trouvent une résonance au Japon où l’on va jusqu’à confectionner des kimonos inspirés du cubisme.
À la même époque, le Japon fait le choix du militarisme et accélère sa modernisation industrielle grâce, notamment, à l’aide de la France. Toute une société est conditionnée à combattre. Le kimono d’un jeune garçon avec des motifs guerriers, que l’on retrouve à Daoulas, symbolise cet embrigadement.
… À PIKACHU ET HELLO KITY
Après la guerre, le Japon se relève. Appareils photo, lecteurs CD, caméra... sa technologie inonde le monde. Sa « pop culture » entre dans les foyers français à la fin des années 1970 via les dessins animés et les jeux vidéo, avant que les mangas et les mignons personnages « kawaii » comme Pikachu et Hello Kitty ne prennent le relai. Un parcours remarquable de bout en bout. BMO
DES SAMOURAÏS AU KAWAÏ
Jusqu’au DIM 01 DÉC
Ouvert tous les jours de 10h30 à 19h cet été
Abbaye – DAOULAS (29)
cdp29.fr