Entretien avec Étienne Bernard, directeur du FRAC Bretagne
En 2024, le Frac Bretagne a réalisé une résidence à Douarnenez et présenté des expos temporaires à Lorient et à Brest. Faut-il y voir une volonté de se rapprocher des territoires bretons ?
La première mission d’un Frac est justement de faire circuler l’art contemporain partout dans le territoire. Depuis la création du Frac Bretagne en 1981, nous sommes au plus près des publics dans les milieux scolaires ou de la santé. C’est notre raison d’être. La réalisation d’expositions dans un bâtiment à Rennes appartenant au Frac Bretagne est une compétence nouvelle qui date seulement de 2012, pour devenir l’arbre qui cache la forêt. Le rôle d’un Frac est d’aller là où l’art n’est pas attendu.
Quel sera le programme des expos itinérantes et des résidences en 2025 ?
Des expositions sont programmées à Saint-Pol-de-Léon dans le Finistère et à Binic dans les Côtes-d’Armor. Nous avons aussi prévu une trentaine de projets dans des structures sociales et scolaires. Il y aura notamment des actions à Pontivy dans le Morbihan ou à Carhaix dans le Finistère. C’est la partie la plus importante de notre travail, mais la moins visible.
Avez-vous parfois le sentiment que le Frac Bretagne souffre d’une image élitiste ?
Bien sûr, comme toutes les structures telles que les nôtres. Pour casser ce sentiment, il faut ouvrir le Frac aux citoyen·nes. C’est tout l’enjeu de « Collection commune ». Chaque année, nous constituons un groupe qui va participer à l’acquisition d’œuvres. En 2024, il s’agissait de personnes travaillant dans le secteur social à Hennebont. Les habitant.e.s ont tendance à penser que les acquisitions d’œuvres d’art sont réservées à des experts qui travaillent dans leur petit coin. Quand il y a cinq ans, j’ai pris mes fonctions de directeur du Frac Bretagne, j’ai voulu rendre cette pratique plus transparente.
Comment se déroule cette « Collection commune » ouverte aux citoyen·nes ?
Après avoir identifié un territoire, on se rapproche de la commune pour constituer un groupe de cinq ou six personnes qui pendant six mois consacreront une demi-journée de leur temps pour sélectionner des œuvres avec un budget alloué de 3 000 euros. Les membres de « Collection commune » doivent défendre leurs choix devant un comité d’acquisition regroupant des experts et un artiste. La sélection de « Collection commune » complète les 20 ou 30 œuvres acquises chaque année par le Frac Bretagne.
À quoi servent les 5 000 œuvres détenues par Le Frac Bretagne ?
Elles prennent quatre directions : des prêts pour des expositions, des dépôts pour des lieux publics ou des musées, la fabrication de projets sur les territoires bretons à travers trois à sept expos par an ou des actions auprès des structures scolaires, sociales, pénitentiaires, de santé ou des Ephad. Nous avons des chargé.e.s de projets qui sillonnent la Bretagne.
Après Raymond Depardon et les photos des Jeux olympiques, le Frac Bretagne va présenter à partir du 31 janvier à Rennes l’exposition Chelsea Girl autour d’œuvres de Nicola L.. Pourquoi les Morbihannais.es doivent venir à Rennes découvrir cette pop artiste française ?
Nicola L. est une artiste morte en 2018 qui s’est installée à New York dans les années 1970. En France, on ne dispose que de cinq œuvres publiques, dont une au Frac Bretagne. L’essentiel de ses pièces est resté aux États-Unis. Son fils a souhaité les rapatrier en Europe. Nous sommes quatre institutions à les présenter pour une exposition en itinérance qui s’arrêtera à Londres, Vienne, Balsamo en Italie et donc Rennes. Nous sommes en train de rédiger un très beau livre sur Nicola L. qui n’a jusque-là jamais existé.
Propos recueillis par BMO
NICOLA L. - CHELSEA GIRL
Exposition
DU VEN 31 JANV AU DIM 18 MAI
Frac Bretagne - RENNES (35)
fracbretagne.fr