À Baud, l’IA passe au comptoir

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7 avr.

En 2025, le Carton Voyageur à Baud s’installe à la table d’un bistrot pour conter petites anecdotes et grandes histoires, de celles qu’on entend au comptoir ou qu’on lit au dos d’une carte postale. Une exposition immersive et interactive qui fait appel à l’intelligence artificielle.

Mikaël Le Bihannic, chargé de communication et de production du pôle culturel à Baud, accoudé au comptoir du bistrot du Carton Voyageur avec la tenancière Mathurine créée avec l’IA — Mikaël Le Bihannic, chargé de communication et de production du pôle culturel à Baud, accoudé au comptoir du bistrot du Carton Voyageur avec la tenancière Mathurine créée avec l’IA

Après le succès l’année passée de l’exposition humoristique Bons Baisers de Bretagne, le Carton Voyageur, musée de la carte postale à Baud, a choisi en 2025 de mettre à l’honneur un haut lieu de la convivialité : le bistrot. Sujet tout à fait actuel puisqu’à l’automne dernier, le ministère de la Culture a inscrit les pratiques sociales et culturelles des cafés et bistrots de France à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français. C’est dire s’il y a matière à taper le carton. « Les bistrots comme les cartes postales sont des vecteurs de lien social. On y parle de tout et de rien, d’anecdotes personnelles comme de la grande Histoire. C’est ce patrimoine collectif qu’on avait envie de mettre en lumière », explique Mikaël Le Bihannic, chargé de communication et de production du pôle culturel à Baud.

Patrimoine et nouvelles technologies
La direction artistique de cette exposition a été confiée à Thomas Daveluy, passionné de nouvelles technologies. Cet artiste plasticien a d’abord collecté des témoignages auprès des habitants et cherché des correspondances dans le fonds du musée. À partir de cette matière et en utilisant une intelligence artificielle, l’artiste a imaginé une immersion dans un bistrot du début du 20e siècle et créé plusieurs dispositifs avec lesquels les cartes postales prennent vie. « Pour Bistrot & cartes postales, l’IA n’est plus gentimement moquée comme dans Bons Baisers de Bretagne, elle est au service de l’exposition. Cela permet d’ouvrir encore plus le propos, d’élargir le champ des possibles », précise Mikaël Le Bihannic. Alors installons-nous à l’une des tables libres, et lançons un sujet de discussion avec la tenancière Mathurine. Elle raconte aussi bien les brèves de comptoir que les cartes postales.

M Bourgeon avec T Cappoen

Temps forts à la rentrée
Le pôle culturel Le Quatro dans lequel est installé le musée fête ses 10 ans samedi 20 septembre. À cette occasion, le bâtiment fera office d’écran pour un mapping réalisé par Thomas Daveluy autour des collections du Musée de la Carte Postale. En octobre, le temps d’un week-end l’exposition s’étoffera d’événements culturels avec et dans des bistrots voisins. Projection, spectacles, pour cultiver encore le lien entre les gens.

3 questions à Thomas Daveluy, artiste plasticien

D’où vient cette idée de travailler autour des bistrots ?
Avec l’équipe du musée du Carton Voyageur, on réfléchissait autour de l’idée de lieu public. Peut-être un peu moins aujourd’hui, mais à l’époque, le bistrot était le lieu de sociabilisation par excellence, où toutes les catégories sociales se croisaient. Le lien avec la carte postale était finalement assez évident et permettait une belle entrée dans le sujet.

Avec Bistrot & cartes postales, il y a une dimension patrimoniale. Comment l’avez- vous intégrée à votre démarche artistique ?
Dans ma pratique artistique, j’aime bien le travail d’écriture. Et j’ai rapidement vu dans la carte postale, un point de départ qui suscite la fiction. Elle offre la possibilité d’imaginer et de raconter ce qu’il y a autour. Pouvoir se saisir des images et inventer l’histoire, c’est ça qui est très intéressant pour moi.

Vous avez utilisé une intelligence artificielle pour la conception de cette exposition. Est-ce que c’était une évidence pour vous qui travaillez avec les outils numériques ?
L’IA est un moyen et non une finalité de l’exposition. C’est un outil créatif qui reste très imprévisible et imprécis. Il n’apporte aucune valeur historique, mais d’un point de vue narratif c’est très intéressant. Elle suggère ce qu’a pu être la vie des gens présents sur l’image.

Propos recueillis par MB