Le meilleur de l’improvisation avec les pires
© Lisbeth Cloostermans
Le foot, la voile et maintenant l’impro. Le Théâtre de Lorient exprime à nouveau son amour du sport, cette fois en offrant le plateau à cette discipline inventée par le Théâtre Expérimental de Montréal à la fin des années 70 qui reprend les codes du hockey. Match, arbitre, maillot, équipe, faute, 6 contre 6, banc, entraînement, joueur·euses, coach. Tout y est. L’objectif des premiers matches d’improvisation était d’ouvrir de nouvelles voies à la création théâtrale avec un décorum de compétition pour attirer du public.
Et le pari s’est avéré gagnant puisque les ligues d’improvisation se sont depuis multipliées. La France n’y échappe pas. Les matches ou les soirées cabaret sont combles et les entreprises organisent des stages pour améliorer la cohésion d’équipe. D’Aristote aux troubadours du Moyen-Âge en passant par la Commedia dell’arte, tous ont basé leurs spectacles sur l’art d’improviser. Quoi de plus logique dès lors de voir sur une scène de théâtre dit «traditionnel» une troupe de théâtre d’improvisation ? Et pourtant, cette situation reste assez rare.
Une fois encore, le Théâtre de Lorient labellisé Centre dramatique national choisit de faire un pas de côté avec une Escale dédiée justement au théâtre d’improvisation le samedi 14 décembre. C’est la troupe locale Les Pires qui aura l’honneur de fouler les planches de la salle Marie Dorval. Sortir Ici est parti à sa rencontre pour comprendre les subtilités de l’impro par rapport au théâtre traditionnel. MB
TROIS, DEUX, IMPROVISEZ !
Au service de l’histoire
« En impro, on n’est pas au service d’un texte, précise Alicia Poder, la coach des Pires. Notre but est de se mettre au service de l’histoire et du groupe. » Et de poursuivre : « Lors d’un match, on rentre sur scène avec un trait de personnage choisi quelques secondes plus tôt : une émotion, une façon de se déplacer, un prénom, un métier... » « Le travail d’incarnation peut être bien plus poussé dans une pièce improvisée qui va durer 1 heure. Là, on va apporter plus de nuances, de complexité, complète Hoelig Hado, le vice-président des Pires. Sur scène, chaque joueur est son propre scénariste, metteur en scène, éclairagiste, décorateur... mais l’essentiel, c’est l’écoute. »Un entraînement complet
Cet exercice d’écoute s’apprend et se travaille. Tout comme la confiance et le lâcher-prise. Avec Les Pires, point de séances de répétition, mais des entraînements réguliers (deux heures hebdomadaires) lors desquels la troupe fait des jeux de cohésion, essaie des techniques de construction d’histoire, teste des modes de transitions... Sans jamais reprendre deux fois une même situation. « Quand on refait, c’est toujours mauvais », avoue Alicia Poder.La prise de risque
« Le jeu sur scène devant un public est essentiel. Cela apporte une tout autre énergie. Et puis le public vient voir la prise de risque, explique Hoelig Hado. Au-delà de l’ambiance qu’il peut apporter à la soirée, le public a un rôle crucial. » Quand c’est le public qui soumet les thèmes du cabaret ou qui donne les points du match, les joueurs n’ont d’autre choix que d’être dans l’instant présent. « De toutes façons, en impro, on sait tout faire et on a toujours le matériel à côté », conclut avec humour Alicia. Alors qui c’est les meilleurs ? Évidemment c’est Les Pires.
ESCALE IMPRO AU THÉÂTRE DE LORIENT
SAM 14 DÉC - 18H
Salle Marie Dorval — Lorient (56)
theatredelorient.fr