Au nom d’un savoir-faire breton
SYLVAIN FLET, DIRECTEUR ASSOCIÉ DE LE MINOR
Bio
2012 création des accessoires Le Flageolet
2018 reprise de Le Minor à Guidel (56)
2019 création d’un atelier à Quimper (29)
2020 plan de France Relance
2023 label Entreprise du Patrimoine Vivant
Les tricoteuses filent à toute allure du coton en provenance des Vosges. Dans la salle voisine, une machine à découpe dernier cri permet de tailler les pièces en laine ou en tissus avec une précision chirurgicale pour raccorder les rayures à la maille près. On termine par l’atelier de confection où une trentaine de couturières et de piqueuses s’affairent. La visite de Le Minor à Guidel ressemble à une plongée dans le temps, à une période où la fabrication des pulls marins reposait sur une compétence exclusivement locale et artisanale. « Les dernières marinières 100 % bretonnes sont fabriquées ici », relève Sylvain Flet qui codirige la PME avec son associé Jérôme Permingeat.
Le Minor dépasse le cadre de la marque de pulls marins. « Notre mission est de sauvegarder le savoir-faire textile en Bretagne et en France », indique le dirigeant de 37 ans. Ce qui a valu à Le Minor d’obtenir en 2023 le label Entreprise du Patrimoine Vivant qui récompense l’excellence historique d’un savoir-faire français. « Nous ne parlons pas de relocalisation parce que Le Minor n’a jamais délocalisé sa production depuis sa création en 1922, ajoute Sylvain Flet. La localisation fait partie intégrante de l’ADN de Le Minor. » Cette authenticité et cette expertise ont séduit les deux jeunes trentenaires au moment de se positionner pour la reprise de Le Minor en 2018. Diplômés d’école de commerce, Jérôme Permingeat et Sylvain Flet créent en 2012 la marque d’accessoires de mode pour hommes Le Flageolet. D’une simple activité complémentaire, ils en font leur métier à part entière quatre ans plus tard avec l’inauguration d’une boutique à Paris. Le Minor leur fournit des bonnets. En septembre 2017, les deux entrepreneurs apprennent que Le Minor est à vendre. « Avec Jérôme, nous voulions arriver dans le prêt-à-porter, notamment féminin, à l’international. Le statut de marque fabricante de Le Minor nous séduisait », admet Sylvain Flet.
Un nombre de salariés qui a triplé
Lui et son associé cochent toutes les cases auprès de la famille fondatrice. Marie-Christine Grammatico, la gérante, avait deux souhaits : le maintien de l’emploi à Guidel et le redéploiement de Le Minor en France. Ses voeux vont être exaucés.
En l’espace de cinq ans, le chiffre d’affaires a triplé pour atteindre plus de 4 millions d’euros. Le nombre de salariés est lui passé de 23 à 73. 55 travaillent sur le site de Guidel, une quinzaine d’autres dans l’atelier de Quimper créé en 2019 pour accueillir d’anciennes couturières de Fileuse d’Arvor. Les deux entrepreneurs sont parvenus à équilibrer l’activité entre l’export, essentiellement le Japon qui constitue un débouché historique, et la France. « Le marché français représentait 10 % du chiffre d’affaires au moment de la reprise », rappelle le dirigeant. Dans l’Hexagone, les ventes sur le digital séduisent une nouvelle clientèle. Le Minor s’appuie aussi sur ses boutiques de Guidel et Paris, ainsi que sur des magasins partenaires à l’instar d’Escale Marine (ex-Comptoir de la Mer).
« Nous sommes un spécialiste reconnu de la maille premium. »
Le Minor investit dans les outils et la formation de ses salariés pour perpétuer la tradition de la maille de qualité. L’entreprise entend également s’engager dans la durabilité avec la mise en place d’un service de réparation pour ses pulls et de la vente en secondes mains. « Le luxe est ce qui se répare », disait Jean-Louis Dumas, l’emblématique patron de la maison Hermès. Un modèle de réussite du savoir-faire à la française qui inspire les deux associés de Le Minor. BMo